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Libération

Pourquoi Hollande a-t-il été sous-estimé ?

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publié le 16 mai 2012 à 20h26

Les canons tonnent, le peuple de gauche est en liesse, les dirigeants socialistes, l’œil humide, applaudissent à tout rompre : François Hollande vient d’être intronisé président de la République. Pourtant, le 31 mars 2011, lorsque le président du conseil général de la Corrèze avait annoncé sa candidature à la candidature présidentielle, hiérarques, caciques et barons du Parti socialiste avaient ouvertement ricané. Aujourd’hui, ils n’ont pas de propos assez louangeurs, ils épuisent toutes les hyperboles disponibles. En quatorze mois de campagne continue, ils sont passés de l’ironie à la perplexité, puis de l’étonnement à l’embarras, avant, décidément repentants, de baiser la babouche du vainqueur. Reste la question que tout le monde voudrait désormais pieusement oublier : pourquoi tant de ténors socialistes, pourquoi aussi tant de burgraves et de margraves du centre et de la droite ont-ils systématiquement sous-estimé François Hollande durant des lustres ?

Pourtant, nul ne pouvait croire qu’il ait été un apparatchik laborieux ou un second couteau mal effilé. Même ceux, innombrables, qui le mésestimaient connaissaient sa ductilité intellectuelle, son éloquence piquante, son opiniâtreté quasi mitterrandienne et cette habilité excessive, ses ruses et ses roueries qui en faisaient un animal politique né. D’ailleurs, n’avait-il pas été premier secrétaire du PS à 43 ans, le plus naturellement du monde, associé de près à toutes les décisions significatives du gouvernement Jospin ? Qu