Dans son numéro d’octobre 1992, la revue de Bercy, les «Notes Bleues», publiait un article signé du président de la Banque de France, Jean-Claude Trichet, intitulé «10 ans de désinflation compétitive», et décrivant comment la France était, depuis 10 ans, engagée dans une politique de désinflation dont l’objectif était de garantir croissance économique et emplois. Au moment où sous l’effet de cette politique de désinflation compétitive, et de l’ancrage franc-mark qu’elle imposait, la France connaissait sa pire récession depuis la seconde guerre mondiale, et où le chômage explosait pour se rapprocher de son record absolu (près de 11% en 1993) on pouvait s’attendre à un peu de recul critique vis-à-vis de cette politique. Bien au contraire: l’article, sur un ton triomphaliste, expliquait à quel point cette politique était la bonne et portait ses fruits.
En septembre 2011, alors que son mandat allait prendre fin, le président de la Banque Centrale Européenne, Jean-Claude Trichet, tenait une conférence de presse à Francfort. Alors que la crise de la zone euro était à son paroxysme, que les pays européens se débattaient dans la pire récession depuis la seconde guerre mondiale, on pouvait s’attendre à quelque mea culpa. La décision de la BCE de relever ses taux d’intérêt deux mois plus tôt, par exemple, n’était-elle pas contestable ? On assista, au lieu de cela, à une conférence triomphaliste expliquant que la BCE était «meilleure que la Bundesbank» car l’inflation avait été moins im