Menu
Libération
TRIBUNE

Grève au Québec : le pouvoir à l’ouest

Article réservé aux abonnés
par Christian Nadeau, Professeur au département de philosophie de l’université de Montréal
publié le 24 mai 2012 à 19h26

La situation de crise que nous connaissons en ce moment au Québec trouve son origine dans l'impasse de la grève étudiante contre la hausse massive des droits de scolarité. Cette grève elle-même s'explique par le refus de notre gouvernement d'entamer un réel dialogue. Fort de la loi spéciale 78 [lire ci-contre], sa stratégie est maintenant celle de la terre brûlée. Le Parlement du Québec a adopté, le 18 mai, la loi 78, qui offre par ses nombreuses imprécisions des pouvoirs arbitraires aux forces de l'ordre et donne lieu à un imbroglio juridique qui ne fait que commencer. Elle sera contestée devant les tribunaux, mais les procédures sont longues et l'effet immédiat se fait déjà sentir.

La loi possède deux volets : elle prévoit un nouveau calendrier scolaire et restreint de manière radicale le droit de manifester en plus de remettre en cause le droit d’association. Malgré tout, la panique ne l’a pas emporté et le mouvement étudiant gagne sans cesse en cohérence et en vigueur.

Les causes profondes de cette crise sont à trouver dans la volonté, exprimée par la droite depuis une dizaine d'années, de changer le modèle social québécois, qui a toujours été, malgré ses défauts, une exception en Amérique du Nord. Les Québécois jouissent de services sociaux de qualité et pour l'essentiel accessibles à toute la population. Pourtant, de nombreuses voix se sont fait entendre au cours des dernières années pour appeler à une vision dite «lucide» de notre société. Ce type de discours t