Le Monténégro, petit pays issu de l’éclatement de la Yougoslavie, n’est pas membre de la zone euro; il n’est même pas membre de l’Union Européenne. Pourtant, et sans qu’il n’y ait d’accord entre le pays et les institutions européennes, la monnaie nationale du Monténégro est l’euro. La banque centrale du Monténégro ne peut pas émettre d’euros, comme le font les banques centrales des pays membres de l’eurosystème; la monnaie en circulation dans le pays provient des touristes (allemands pour la plupart) qui passent leurs vacances sur les plages ou les sentiers de randonnée du pays, et des investisseurs étrangers qui viennent y construire des infrastructures.
Pour continuer d’utiliser l’euro, le gouvernement du Monténégro ne peut pas compter sur sa banque centrale, ni sur une éventuelle aide en provenance des institutions européennes; il doit faire en sorte de maintenir les flux de touristes et de capitaux dans le pays, donc de maintenir des prix et des salaires compétitifs par rapport aux autres destinations touristiques comparables. Moyennant cette discipline, rien ni personne ne peut empêcher ce pays d’utiliser l’euro comme devise nationale.
On fait souvent le parallèle entre la crise grecque et la crise argentine, pour supposer que les deux crises finiront de la même façon: le gouvernement grec finira par faire défaut sur sa dette et sortir de la zone euro. Mais l’exemple argentin néglige une chose: les Grecs veulent, à une très large majorité (près de 80%), rester dans la zon