Comme si de rien n'était. Hier après-midi, au soleil, sur la vitrine de la section PS de Liévin (Pas-de-Calais), la photo de Jean-Pierre Kucheida souriant, immense, au côté de François Hollande : «Avec Jean-Pierre Kucheida, votre député, votez François Hollande.» Pourtant, le maire de la ville qui compte la plus grosse section socialiste de France - 1 200 cartes - est annoncé exclu du PS le soir même.
Kucheida, objet d'une enquête pour abus de bien sociaux et d'une enquête interne au PS, est viré du parti, mais toujours candidat, et soutenu par les discrètes huiles locales, Daniel Percheron, président de la région, et Catherine Génisson, patronne de la fédé du Pas-de-Calais. Il est donné gagnant haut la main face au candidat officiel nommé par le parti, un inconnu nommé Nicolas Bays, 35 ans, conseiller municipal à Wingles, diplômé de l'Institut supérieur européen du lobbying, ex-directeur de cabinet de Jacques Mellick selon Nord Eclair, et surtout connu pour avoir épousé une militante UMP. Bays a bizarrement supprimé le mot «socialiste» de son affiche. Pas Kucheida : «Avec le député socialiste sortant, donnons une majorité à François Hollande», dit son placard.
Kucheida avait gagné en 2007, avec 69,69% des voix face à l'UMP, avec un FN à 7% au premier tour. L'extrême droite est à 30% aujourd'hui. Gagnant ? «Je ne serais pas étonné qu'il passe. Les vieux vont voter pour lui, c'est sûr», pronostique Jacky, 35 ans, chaudronnier au chômage et