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Libération
EDITORIAL

Sine qua non

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publié le 29 mai 2012 à 22h46

C'est un énorme pavé dans la mare que vient de jeter François Hollande. En laissant annoncer par son Premier ministre, le jour même où le gouvernement inaugure une nouvelle «méthode» de dialogue social, une réduction brutale de la rémunération des patrons du secteur public, applicable, semble-t-il, dans les meilleurs délais, le Président frappe un grand coup. Les esprits chagrins verront dans la création de cette nouvelle norme - une limitation de 1 à 20 des écarts de salaires - un tropisme très français, aussi exotique qu'anachronique, confirmant l'aversion légendaire que ce peuple gaulois aurait pour l'argent et l'entreprise. Dans la foulée, ils dénonceront un coup très politique destiné à arracher la majorité absolue au Parlement. Ils relèveront, enfin, et sans avoir peur de la contradiction, que cette mesure ne risque de concerner qu'une petite poignée de dirigeants. Il faut le dire haut et fort, ces contempteurs se trompent lourdement. L'exhibition d'un symbole de gauche ne fait certes pas nécessairement une politique. Mais la profondeur, la durée et l'intensité de la crise qui frappe la France (et le monde occidental) imposent de nouvelles règles sans lesquelles il serait totalement vain de vouloir «refaire société», selon la belle expression de Pierre Rosanvallon. Alors que nul n'ose vraiment imaginer les sacrifices que cette crise multiforme risque d'imposer à tous, l'exemplarité et l'équité sont devenues des préalables, des conditions sine qua non pour affr