Elle a été femme de ménage dans des tours de Villeneuve-Saint-Georges où «les Noirs insultent les Asiatiques, les Antillais traitent les Noirs de sauvages et les Arabes ne supportent pas les Mauriciens.» Elle a usé sa bonne humeur à mi-temps dans un service après-vente où «les clients passent leur temps à engueuler les employés parce que leur toasteur ne marche pas.» Elle a été SDF. Elle a tourné 160 films pornos, aussi. Et elle a purgé dix-huit mois de prison à Fleury-Mérogis. «J'ai été jetée plus bas que terre, dit Céline Bara, 33 ans. Mais je ne m'y suis jamais écrasée.»
Un poster de King Kong, la reproduction d'un drapeau rouge siglé de la faucille et du marteau et un portrait d'elle-même vêtue de noir et les lèvres carmin, posant pour le Mouvement Antithéiste Libertin (MAL). Collées aux murs de la maison qu'elle loue 400 euros dans le gros village ariégeois de Bélesta, ces trois affiches résument l'univers de cette jeune femme : elle ne sera ni Cosette ni Blanche-Neige.
Elle est allée proposer ses services au Parti communiste et au NPA. Qui l'ont «reçue poliment», dit-elle, mais en se pinçant le nez. La solution était de créer son propre parti. Le MAL, «ce nom sonnait à mon oreille». Restait à trouver les mots qui, après «mouvement», compléteraient l'acronyme. Elle a les religions et les religieux en horreur au point de juger l'athéisme comme une insupportable concession à la bondieuserie. Le «A» serait donc c