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Libération
Reportage

Entre ex-camarades, la lutte dépote en Essonne

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Dans la 10e circonscription, fief de Julien Dray, François Delapierre, héraut du Front de gauche, et le socialiste Malek Boutih ne se font pas de cadeaux.
publié le 31 mai 2012 à 21h06

Barbichette style Lénine et chemise écarlate, l’homme vient de lever le poing en chantant

l’Internationale.

Candidat du Front de gauche dans la 10

e

circonscription de l’Essonne, François Delapierre joue les prolongations de la présidentielle, dont il fut le directeur de campagne pour Jean-Luc Mélenchon. Tout y est, drapeaux rouges à profusion,

Bella Ciao

à pleins décibels, et même Mélenchon, heureux de recycler les discours de ses meetings, dans sa peau de meneur national :

«Le meilleur moyen pour que François Hollande tienne bon, c’est que ça pique quand il s’assoit. C’est pourquoi il faut envoyer des picous à l’Assemblée nationale !»

Il manque juste le public. Quelques centaines de personnes tout au plus, dont beaucoup reconnaissent avoir fait pas mal de kilomètres, grondent

«résistance, résistance»,

ce mardi soir à Sainte-Geneviève-des-Bois.

François Delapierre, 41 ans, est le révolutionnaire qui arrive après la bataille. Car il y a eu une guerre civile ici, qui a laissé le Parti socialiste KO. Un vrai sac de nœuds, embrouillé depuis des années. Le vainqueur est Malek Boutih, 47 ans, qui doit sa carrière à Julien Dray, du temps de SOS Racisme. Le vaincu est le même Dray, 57 ans, devenu député en 1988 quand Mélenchon était sénateur PS de l’Essonne. Que sont ces amis de trente ans devenus ? Des concurrents féroces dans un mouchoir de poche de la banlieue sud, coincé entre l’autoroute du soleil et la prison de Fleury-Mérogis.

«Heureuse