Les socialistes des Bouches-du-Rhône ont le silence épais, embarrassé. La décision de Martine Aubry, la première secrétaire du PS, de retirer son investiture à Sylvie Andrieux pour les législatives, renvoyée en correctionnelle pour détournement de fonds publics, les fait jaser entre eux, en off, mais aucun ne veut commenter officiellement l’affaire. Ils se taisent. La fédération se contente d’indiquer qu’elle ne fera pas de commentaire. Elle renvoie, pour toute question, vers les instances nationales du PS - comprendre vers les responsables d’une décision qu’elle ne partage, ni ne comprend.
Pourquoi enlever l'investiture à dix jours de l'élection, se demandent beaucoup d'élus marseillais pragmatiques. Pourquoi l'avoir donnée, alors qu'Andrieux était mise en examen ? Mais, au-delà de cette incompréhension, pointe un malaise profond, plein d'embarras. «Ce n'est pas évident, dit un conseiller régional. Il y a des liens d'amitié, on se connaît depuis longtemps. On ne peut pas condamner les gens comme cela, il vaut mieux laisser faire la justice.»
Beaucoup d’élus militent ensemble depuis des décennies, dans une fédération dont le noyau dirigeant s’est très peu renouvelé - les pratiques ont plutôt fait fuir ceux qui apportaient de l’oxygène. Beaucoup sont fils ou filles, neveux ou nièces de barons defferristes. C’est le cas de Sylvie Andrieux, dont le père, Antoine, était proche de Gaston Defferre, qui partageait le territoire entre les seigneurs socialistes pour qu’ils ne