Dans le récit conventionnel de la crise de la zone euro, la Grèce fait figure de pays emblématique: le pays dont le gouvernement, peu efficace, a gaspillé sans compter, camouflé la réalité de ses comptes publics, et qui désormais refuse de faire les efforts nécessaire pour rétablir sa situation, mettant en péril toute la zone euro. Dans ce récit conventionnel, tous les pays en difficulté de la zone euro sont des Grèce en puissance s’ils ne font pas d’efforts rapides.
Le problème de ce récit d’une crise causée par des gouvernements impécunieux, c’est qu’il ne cadre pas du tout avec la situation des autres pays en difficulté, au premier rang desquels figure l’Espagne. Entre 2000 et 2007, celle-ci a connu en moyenne un excédent budgétaire de 0,2% du PIB par an (contre un déficit de 2,2% en Allemagne) et une dette publique moitié moindre de celle de l’Allemagne. Ses performances économiques faisaient l’envie des autres pays européens.
En 2002, François Bayrou faisait campagne en promettant d'être «le Jose Maria Aznar français», et en 2007, ses partisans surnommaient Ségolène Royal «Zapatera». En 2008, les commentateurs financiers ne tarissaient pas d'éloges pour le modèle financier espagnol, dirigé par des banquiers aux pieds sur terre, qui ne s'étaient pas laissés aller aux instruments financiers sophistiqués comme les Américains, et qui résistaient ainsi à la crise des subprimes.
100 milliards envolés en six mois
Depuis le début de la crise, les gouvernements espagnols successifs ont fait avec zèle tout