Pascal Jan, professeur de droit public à Sciences-Po Bordeaux et vice-président du Cercle des constitutionnalistes, estime que le passage au quinquennat et l’inversion du calendrier n’empêchent pas la possibilité de cohabitation.
Existe-t-il un risque pour la gauche de perdre les législatives et d’avoir une cohabitation ?
Il y a toujours ce risque, dans la mesure où le mode de scrutin est différent de celui de la présidentielle. La droite n’a pas subi une défaite si importante le 6 mai. Objectivement, elle peut prétendre à une victoire le 17 juin. Tout dépendra de la capacité des candidats du FN à se maintenir en triangulaire et de la mobilisation à gauche.
A qui profiterait l’abstention ? On a coutume de dire qu’elle désavantage la gauche…
D’habitude, après la présidentielle, la démobilisation touche le camp du perdant. Elle serait ainsi plus favorable à la gauche. Mais une forte abstention empêcherait aussi les candidats FN de se maintenir.
Pour quelles raisons ?
Un candidat peut se maintenir au second tour s’il réalise au moins 12,5% des inscrits - et non des suffrages exprimés. Par conséquent, il faut réaliser 16, 17, voire 18% des voix pour se qualifier. Plus l’abstention est haute, plus la barre pour être au second tour l’est aussi.
Le passage au quinquennat, en 2002, et l’inversion du calendrier étaient censés empêcher toute cohabitation. Or, dix ans après, on craint toujours - ou espère, c’est selon - un tel cas de figure. Pourquoi ?
Les cohabitations de 1986, 1993 et 1997 s’étaient produites après un certain temps de majorité favorable au chef de l’Etat. Elles étaient donc politiquement gérables. Depuis 2002, une telle cohabitation serait une incohérence politique complète. Dès lors, que ferait le chef de l’Etat ? Laisserait-il faire ? Déciderait-il de dissoudre immédiatement l’Assemblée nationale pour convoquer de nouvelles législatives ? Plus tard ? Tout est ouvert.
Le quinquennat et l’inversion du calendrier n’ont donc pas atteint le but recherché…
Non