Comme une piqûre de rappel qui viendrait un peu avant l'heure. Les déclarations de Cécile Duflot, favorable à la dépénalisation du cannabis, à rebours de la position défendue par François Hollande pendant la campagne, sont venues rappeler aux socialistes que la législature qui s'annonce serait loin d'être un long fleuve tranquille à gauche. Et que la droite ne manquerait aucune occasion pour enfoncer des coins dans la majorité présidentielle. Interrogée sur RMC, la ministre du Logement a eu beau préciser qu'elle s'exprimait en vertu de ses fonctions de chef d'Europe Ecologie-les Verts (EE-LV), l'UMP a crié à la première «cacophonie gouvernementale». Une aubaine permettant, à cinq jours des législatives, de dénoncer en vrac «gauche laxiste», «irresponsabilité», «inconscience» et «double langage».
Assailli de questions, Jean-Marc Ayrault s'est contenté d'un sourire à son arrivée au Sénat, où il était venu cajoler le groupe PS. Et d'un sobrissime «le gouvernement n'a rien dit sur ce sujet» à sa sortie du palais du Luxembourg. De recadrage officiel, réclamé par l'UMP, il n'y a donc pas eu. «Ayrault aurait pu demander à Duflot de démissionner d'EE-LV quand il l'a nommée, on aurait évité les conneries de ce genre», fulmine un dirigeant socialiste. «Cela prouve seulement qu'elle n'a pas encore fait le deuil de ses fonctions» à la tête des écologistes, qu'elle doit quitter le 23 juin, confirme en écho un cadre du parti vert.