Pierre-Marie Launay n’est pas un rallié de la dernière heure. Voilà vingt-cinq ans que cet agriculteur installé à Merdrignac, dans les Côtes-d’Armor, milite au Front national. Mais, pour sa cinquième candidature aux législatives, il n’a jamais connu de vents aussi favorables. En Bretagne, au premier tour de la présidentielle, Marine Le Pen a rassemblé 13,23% des voix, deux fois mieux que son père en 2007. Avec des pics en zones rurales. A Merdrignac, elle frôle les 20%.

Pour Launay, le tournant se situe en 2009, avec l'ouverture des barrières douanières pour certaines productions agricoles. «Entre 2010 et 2011, nous avons enregistré 300 nouvelles adhésions dans le département. Plus que durant les vingt-cinq années précédentes», indique-t-il. Ce converti à la production laitière bio, qui défend «un capitalisme populaire dans une économie protégée», y voit les effets d'un malaise. Avec des paysans qui ne parviennent plus à gagner leur vie et des villages qui se vident de leurs commerces. «Il y a aussi les ouvriers de l'agroalimentaire dont plus personne ne s'occupe et qui ne comprennent pas pourquoi on embauche des Ukrainiens ou des Polonais à leur place», relève-t-il.

Capable de réciter Beaudelaire ou Du Bellay, il se réjouit d'avoir, cette année, une vingtaine de partisans pour l'aider à labourer sa circonscription. A commencer par son suppléant, 42 ans, nouvel adhérent du FN au chômage depuis que son entreprise de panneaux photovoltaïques a déposé l