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Libération

Le clan verrouillé des Strauss-Kahn

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Publié le 08/06/2012 à 19h46

Des yeux pour ne pas voir ; des oreilles pour ne pas écouter ; des mots pour ne pas dire. Dans l’affolante affaire Strauss-Kahn, racontée comme une épopée tragique dans l’ouvrage de Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin, il est fascinant de voir comment Anne Sinclair et Dominique Strauss-Kahn ont fait durant des années de leur couple un «système». Ces deux-là ont aimanté une bande d’amis, de collaborateurs, de relations exaltées - souvent de haute volée - dont beaucoup se sont laissés aveugler par les lumières du pouvoir, de l’argent ou de l’intelligence, comme dans les meilleures séries américaines. Peu, très peu ont pris le risque de faire entendre une voix discordante, un signal d’alerte ou oser une désapprobation.

Ce système, qui n’a jamais eu tout à fait raison des petits calculs et des rivalités, a fonctionné comme un clan. On était pour, on était contre, on en était ou pas. Une poignée en sont sortis, parfois blessés de ne pas avoir été écoutés ou, beaucoup plus tard, déçus et amers, habités par le sentiment pénible d’avoir été baladés, pour ne pas dire trahis.

Il ne s'agit pas de la vie privée du couple qui ne regarde personne. Il est d'ailleurs parfois difficile d'échapper au malaise que provoque le luxe de détails glissés au fil du récit de nos deux consœurs du Monde, même si, de «notes blanches» des services secrets en PV de justice, plus rien de cette vie interlope ne nous est épargné. Au-delà de cette addiction aux femmes et de ce que la justice au