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Libération
Éditorial

Pirates libérateurs

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publié le 8 juin 2012 à 19h46

L'histoire de la radio est passionnante : épique, guerrière, romanesque, révolutionnaire, et donc politique. C'est aussi l'histoire d'un appareil ultra-puissant, car la radio entre dans des millions de foyers où elle peut «faire» l'opinion, «manipuler» les esprits, comme le fit notamment Radio Paris pendant la collaboration et qui lui valut cette petite réplique chantonnée : «Radio Paris ment [bis], Radio Paris est allemand». Mais cessons là ce procès car, sans la radio, Dieu sait où en seraient le monde et les libertés, celle d'informer d'abord, ce qui est tout de même la vertu cardinale de ce média moderne. Flash-back sur le dernier combat des ondes, dans les années 70, qui paraît surréaliste aujourd'hui : la bataille des radios libres, gagnée par des hurluberlus épris de démocratie directe. En héros, un jeune homme discret, accessoirement journaliste à Libération première période, Antoine Lefébure. Il fallait voir l'énergie joviale de ce type grimpant sur les toits de Paris pour y poser une antenne afin de diffuser des émissions différentes de celles autorisées par le pouvoir, antenne aussitôt arrachée par la police, quand les émissions «interdites» n'étaient pas brouillées par l'émetteur de la tour Eiffel. Radios déchaînées qui attaquaient le monopole de l'information. Radios libérées que Raymond Barre qualifia à juste titre de «germes d'anarchie». Le monopole a sauté et l'anarchie s'en est allée ailleurs, via de nouvelles tec