Sociologue et chercheur au laboratoire Sophiapol de l'université Paris-Ouest-Nanterre, Sylvain Crépon porte un regard particulier sur la 11e circonscription du Pas-de-Calais. Dans son dernier livre, Enquête au cœur du nouveau Front national, il analyse de près l'implantation du parti lepéniste sur cette terre marquée à gauche.
Quel est l’enjeu de ces législatives pour le Front national ?
Il est quadruple. D’abord, obtenir des élus. Même s’ils ne sont qu’une poignée en raison d’un mode de scrutin majoritaire uninominal à deux tours qui ne les favorise pas, symboliquement ils décrocheront une visibilité énorme. L’événement concentrera une attention médiatique considérable, disproportionnée par rapport à leur capacité de faire des propositions de loi.
Le deuxième enjeu tient à l’élection de Marine Le Pen elle-même. Si elle est élue, elle va attirer encore un peu plus l’attention des médias. Une forte visibilité plus une possible victoire conforteraient sa position au sein du FN, et valideraient sa stratégie de dédiabolisation.
Troisième enjeu, ce scrutin peut permettre au parti d’obtenir les moyens financiers pour renflouer ses caisses, et donc d’avoir les moyens de mener des actions pendant les cinq années qui viennent.
Enfin, le dernier objectif est plus stratégique. Le FN veut démontrer via ce scrutin sa capacité de nuisance vis-à-vis de l’UMP. En fonction du nombre de triangulaires, il veut prouver qu’il peut être une force de dissuasion massive par rapport au cordon sanitaire établi autour de lui. Le FN veut envoyer à