En se qualifiant pour le second tour dans une soixantaine de circonscriptions, le Front national a déclenché, dans les états-majors, des examens de conscience politiques. A gauche comme à droite, les partis républicains ont dû, dès hier, clarifier en urgence leur position, tandis que Marine Le Pen, pas fâchée de rester au centre du jeu, se payait le luxe de diffuser sa liste noire des huit candidats (quatre de gauche et quatre UMP) qu'elle prétend faire battre, pour l'exemple. Au nom du Parti socialiste, Martine Aubry avait par avance répliqué en confirmant, sans surprise, la stratégie du front républicain : à Carpentras, la candidate du PS, Catherine Arkilovitch, a été invitée à se retirer pour «faire barrage» à Marion Maréchal-Le Pen. Mais elle a refusé et maintenu sa candidature (lire page 4).
Inquiétude. A l'UMP, la question du FN risque de tourner au psychodrame. Comme après chaque défaite électorale, la question de l'extrême droite menace de faire voler en éclats l'unité du parti. Dès dimanche soir, l'ex-ministre Nadine Morano, en difficulté en Meurthe-et-Moselle (page 7), a lancé un appel désespéré aux électeurs FN, insistant sur «les valeurs» qu'elle «partage» avec eux. Pour les plus anciens, cela sonnait comme un pénible rappel d'une défaite annoncée : en 1988, quelques jours avant la réélection de François Mitterrand à l'Elysée, Charles Pasqua avait souligné que gaullistes et frontistes partageaient des <