L’abstention a été de 43% au premier tour des élections législatives. Exception faite de l’élection présidentielle et dans une moindre mesure des élections municipales, elle atteint au fil des scrutins un niveau alarmant. Elle était déjà en moyenne de 40% aux législatives de 2007. Celle des cantonales est passée de 40% en 2008 à 55% en 2011. Elle a culminé à 59% aux européennes de 2009 et dépassé 50% aux régionales de 2010. En d’autres termes, la désertion civique est une marée montante. Cette situation pose un problème de représentativité et de légitimité des élus : à titre d’exemple, à l’issue des dernières élections européennes, le PS et l’UMP ont obtenu à eux deux 60% des sièges à pourvoir grâce aux suffrages de 18% des électeurs, soit respectivement 7 et 11%.
Un régime démocratique peut s’accommoder par temps calme d’une désertion civique d’une telle ampleur. La légitimité des élus ayant un impact direct sur celle de leurs décisions, cette situation lui devient en revanche un corrosif puissant et potentiellement mortel lorsqu’il doit affronter des tempêtes. Confronté à de plus en plus de choix cornéliens, il doit en effet multiplier les décisions qui exacerbent les contestations, braquent les intérêts catégoriels et nourrissent une lourde impopularité.
A ce stade, la représentativité de plus en plus faible des élus de la République fournit alors les termes d’un procès en illégitimité et en déficit démocratique dans le pire des contextes. Or la tempête est prévisible, puis