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Libération
EDITORIAL

Fratricide

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publié le 13 juin 2012 à 22h36

Sauf coup de théâtre - toujours possible en politique -, la défaite de Ségolène Royal semblait, hier, probable. L’échec, y compris quand il est cuisant, fait partie des règles du drame de la politique, l’ancienne candidate socialiste à la présidentielle le sait mieux que quiconque. Mais il y a dans cette affaire-là une série de fautes qui suscite un malaise certain, bien au-delà d’une affligeante gaffe en forme de tweet.

Du côté de François Hollande, d’abord : en dépit des principes qu’il avait lui-même édictés et en violation d’une pratique républicaine, le Président a choisi d’afficher officiellement son soutien à une (et une seule) candidate en lice, en l’occurrence son ancienne compagne, participant lui-même à la fabrication de ce qui allait devenir un psychodrame.

Le camp adverse, celui du rival socialiste de Ségolène Royal, a franchi une limite plus grave encore, en entonnant avec la droite le refrain nauséabond du «elle n’est pas d’ici». Faut-il rappeler que Ségolène Royal préside la région Poitou-Charentes depuis huit ans et que la Constitution stipule que les députés sont les représentants de la nation ? Ce repli hystérique sur le terroir est aussi anachronique que scandaleux.

Enfin, cette lutte fratricide met au jour de médiocres mais tenaces règlements de comptes entre socialistes locaux, où les jospiniens n’ont pas été les derniers à tirer contre leur camp. Au final, le nouveau favori des sondages ne serait élu que grâce à un soutien massif de la droite. Une seule q