[Merci de bien noter que cet entretien a été publié en juin 2012, avant que soit révélée la liaison supposée de François Hollande avec l'actrice Julie Gayet.]
Anne Levade, professeur de droit constitutionnel à l’université de Paris-XII, a fait partie d’une commission chargée de réfléchir au statut pénal du Président sous Jacques Chirac.
Faut-il instaurer un statut juridique pour la première dame ?
S’il n’en existe aucun actuellement, c’est que, par définition, on élit un chef de l’Etat, sans qu’il ait nécessairement une compagne ou un compagnon. Ensuite, l’organisation de l’Elysée incombe à celui qui est titulaire de la fonction, et la question du statut du conjoint ne se pose pas à mes yeux. S’il fallait en établir un, le droit ne serait de toute façon pas une réponse. Quel texte de droit pouvait permettre d'éviter l’incident du tweet ? Prévenir Valérie Trierweiler de réagir personnellement ? Son rôle est à définir dans le cadre du couple. La seule limite est qu’il ne doit pas interférer sur le rôle du chef de l’Etat. Le rôle du conjoint est à définir à deux. A-t-elle bien ou mal agi ? C’est un problème de conscience et un problème de couple, auquel le droit n’apporte aucune réponse. Toute la difficulté dans l'épisode récent est qu’on se situe aux confins de la vie privée et des enjeux politiques. Encore une fois, je ne vois pas le droit régir ce genre de situation.
Valérie Trierweiler bénéficie d’un bureau et de cinq personnes à l’Elysée, sans compter les officiers de sécurité : un chauffeur, des secrétaires, un chef de cabinet. Cela n’a rien d’officiel, mais cela existe et a un coût pour la République...
Cette pratique non codifiée s’est établie au fil des années, selon la perception de chacune de son rôle de première dame. C’est un choix interne à l’Elysée, fait de façon dis