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Interview

«Ce qui guette les socialistes, c’est le syndrome de l’hyperpuissance»

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Rémi Lefebvre, politologue spécialiste du PS, analyse les effets de l’hégémonie de ce parti :
publié le 15 juin 2012 à 22h26

Professeur de science politique à l'université Lille-II, Rémi Lefebvre note que «jamais un parti n'a été aussi puissant sous la Ve République».

Les socialistes devraient obtenir dimanche la majorité absolue. Est-ce le retour d’un «PS hégémonique» ?

Il est assez étonnant de voir comment le PS s'est vu contester son statut de numéro 1 à gauche aux européennes de 2009 - si bien que certains l'avaient qualifié de «cadavre à la dérive» - et va, trois ans plus tard, disposer d'une hégémonie totale… Jamais ce parti n'a été aussi fort ! C'est même son apogée historique ! En 1981, la gauche n'était pas majoritaire au Sénat et ne dirigeait pas autant de collectivités. Jamais, sous la Ve République, un parti n'a été aussi puissant.

Comment expliquer ce renversement ?

Par la conjonction de l’hyperprésidentialisation du système politique, par le fait que le PS reste le seul parti pouvant être majoritaire à gauche et qu’il a bien maîtrisé sa primaire. Il y a aussi l’efficacité électorale du PS. La présidentialisation renforce sa rente de situation.

Est-ce une bonne chose ou un risque ?

Ce qui guette les socialistes, c'est ce qu'en relations internationales, on appelle «le syndrome de l'hyperpuissance». Une vulnérabilité liée à la force qu'il représente. L'objectif d'obtenir la majorité absolue va avoir des revers : le PS ne peut que perdre les prochaines élections ! Les élus locaux savent très bien que les scrutins intermédiaires de 2014 seront très difficiles à négocier. Les socialistes vont concentrer toutes les critiques et ne pourront pas diluer les coups de l'impopularité. Mais François Hollande est suffisamment h