Votez «grande gueule». Tel est le message essentiel que Gilbert Collard s'est attaché à vendre aux électeurs de la 2e circonscription du Gard, qui avaient placé Marine Le Pen en tête (28,87%) au premier tour de la présidentielle. Dimanche dernier, l'avocat marseillais a bien cru que l'élection était gagnée. Avec 34,57% des suffrages, il a devancé la socialiste Katy Guyot (32,87%), mais surtout étrillé le député sortant UMP, Etienne Mourrut (23,89%).
Du coup, Collard a demandé à ce représentant de la Droite populaire de se retirer en arguant qu'ils défendaient tous deux «les mêmes idées». Mourrut a hésité. Il a subi de grosses pressions des dirigeants nationaux de l'UMP, tandis que la droite locale et le FN menaient des tractations en sous-main pour éviter des triangulaires qui les élimineraient. En vain. Au final, Mourrut, 72 ans, a maintenu sa candidature… mais ne s'est guère montré combatif durant l'entre deux tours.
Sur le papier, c’est donc Katy Guyot qui devrait profiter de ce match à trois. Mais dans les faits, la porosité des électorats FN-UMP est ici une réalité. Nombre d’électeurs croisés en début de semaine dans la circonscription ayant voté Mourrut confiaient sans état d’âme qu’ils se porteraient sur Collard pour faire barrage à la gauche.
Sur ce territoire de la Petite Camargue, l'avocat a beau surfer sur la dédiabolisation du FN, il a tenu tout au long de sa campagne un discours très radical sur l'immigration et la préférence nationale.