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TRIBUNE

Ecologie et politique, la gauche doit s’occuper de la réalité

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Tribunes 2012dossier
(Dessin Alain Brillon)
par Antoine Nochy, Association Humbaba et Jacques Deschamps, Philosophe
publié le 17 juin 2012 à 19h06

Nous constatons la difficulté, voire l’incapacité du discours politique à se poser la question de la réalité. Incapacité partagée par la droite et la gauche et, paradoxalement, par un certain discours écologique trop simpliste.

Le problème de l’action politique est d’abord celui de la gestion du rapport entre les communautés (villages, villes, régions…) et le territoire. Les modalités de l’être sont indéfinies, les espèces végétales et animales se comptent par millions, la relation entre l’homme et le territoire doit se dire de façon multiple. Multiples et divers sont, dans notre pays, les paysages, les traditions culinaires, les fromages, les cépages… La tentation du repli identitaire est morbide. L’acceptation de l’autre, du différent, est vitale comme réalité et décisive comme modèle de pensée. La droite entretient une obsession phobique du réel (tout doit faire peur : crise, délinquance, immigration…) et appelle des réponses sécuritaires. Pour résister, la gauche doit retrouver le sens de la réalité.

Dans cette distinction entre réel et réalité, droite et gauche ne doivent pas être réduites aux partis qui les représentent dans le spectre de la vie politique actuelle. Nous reprendrons donc le point de vue de Sartre qui qualifiait de «droite» une pensée partant de l'individu pour définir l'universel, et de «gauche» une pensée partant de l'universel pour définir l'individu. Seule une pensée de gauche ainsi définie nous semble capable de prendre en charge la