La gauche s'est offert une ruée vers l'Ouest qui laisse la droite sur les flancs. «Elle a reçu une branlée historique», résumé Jean-Jacques Urvoas, député PS du Finistère. «Une fessée terriblement violente», se lamente, encore pantois, un candidat UMP battu. Les scores? Sans appel : 8-0 (Finistère), 6-3 (Ille-et-Vilaine), 5-1 (Morbihan), 4-1 (Côtes-d'Armor). La droite pleure ses circonscriptions envolées. Elle en perd huit en cinq ans, dont quatre historiquement ancrées à droite depuis 1958 (1). La Bretagne est représentative d'un phénomène qui frappe tout le grand Ouest. Ainsi, en dix ans, la Loire-Atlantique est passée de la majorité tranquille à l'humiliation fertile : désormais le département envoie au Palais-Bourbon neuf députés sur dix issus de la gauche…
Bonapartisme. Ce reflux massif est le reflet d'un long processus. «Une trajectoire liée d'abord à l'effondrement de la pratique religieuse et de la culture conservatrice, estime Pierre Martin, politologue au CNRS de Grenoble, mais aussi au faible impact de la question de l'immigration dans cette région.» Ce qui n'a pas empêché le FN de faire une percée remarquable dans certains cantons et de pointer «à 10 % dans le Morbihan», rappelle Eric Ghérardi, politologue et maître de conférence à Rennes-I.
Député sortant battu dimanche, l'ancien maire de Vannes, François Goulard, serait victime, selon lui, de l'évolution d'une «région rurale qui s'est tertiarisée»,