Tout au long de sa campagne présidentielle, François Hollande a voulu se démarquer de l’hyperprésidence mise en place par Nicolas Sarkozy. Le candidat socialiste n’a cessé d’insister sur sa volonté de rééquilibrer les pouvoirs. Il entendait rendre plus d’autonomie au gouvernement, plus de poids au Parlement, plus d’indépendance à la justice et aux médias publics. Avec lui, le chef de l’Etat devrait fixer les grandes lignes de l’action gouvernementale, déterminer la stratégie, faire les principaux choix mais la mise en œuvre de cette politique, l’application de ses décisions et la coordination entre les ministres devaient redevenir l’apanage du Premier ministre. Jusqu’à présent - courte expérience il est vrai, de surcroît en pleine séquence électorale - François Hollande a tenu parole. Jean-Marc Ayrault dispose d’un territoire que François Fillon n’a jamais pu obtenir. A priori, Parlement, justice et médias publics devraient également voir leur statut revalorisé. L’hyperprésidence est en voie de disparition. Dès l’automne, cette expérience unique aura vécu avec l’ouverture de la session ordinaire du Parlement, la rentrée judiciaire et la loi sur l’audiovisuel public. En ce sens, tout se passe comme prévu.
Ce qui ne l'était pas - en tout cas, pas à ce point - c'est qu'à l'hyperprésidence succède une présidence intégrale. L'hégémonie politique du Parti socialiste renvoie mécaniquement vers le président de la République toutes les composantes du pouvoir. Qu'il l'ait voulu ou pas,