Grâce à leur alliance avec le PS, jamais les écologistes n’ont été aussi forts dans les institutions. Mais au sein de la société comme dans leur mouvement, c’est la baisse de régime. A la veille d’un conseil fédéral où Cécile Duflot quittera la direction du parti, Daniel Cohn-Bendit met en cause les dérives d’Europe Ecologie-les Verts qu’il a cofondé.
Dix-sept députés, deux groupes parlementaires, deux ministres : c’était inespéré pour EE-LV après une présidentielle loupée…
Ce bilan historique est la conséquence logique de nos succès aux élections européennes en 2009 et régionales en 2010. Et, plus largement, de la création d’Europe Ecologie-les Verts. Le PS a compris que l’écologie politique est ancrée dans une partie de la société et que pour remporter une victoire contre la droite, il avait besoin de nous.
Après les résultats des législatives, vous avez pointé le risque pour EE-LV de devenir le PRV, le parti radical vert. Que vouliez-vous dire ?
Le paradoxe, c’est qu’on existe à l’Assemblée, au Sénat et au gouvernement, mais plus dans la société. Nos succès institutionnels ne sont pas accompagnés, bien au contraire, d’une dynamique citoyenne. Notre image est devenue détestable. Nous avons échoué là où on voulait redonner espoir : en faisant de la politique autrement. Aujourd’hui, nous incarnons souvent l’insoutenable légèreté de l’arrivisme.
A quoi pensez-vous ?
Quand on voit par exemple, dans un documentaire, Cécile Duflot brandir son stylo en jurant qu’elle ne signera jamais un accord avec le PS sans la sortie du nucléaire. Et qu’évidemment on le signe quand même, car c’est un bon accord, cela est dévastateur. Le plus détestable a été la course aux maroquins ministériels, y compris chez mes propres amis. Nous donnons des leçons de morale politique à tout