On pense que les livres comptent lorsqu'ils sont beaux ou vrais. Mais il y en a d'autres dont la valeur tient à des causes beaucoup plus mystérieuses et fascinantes. Ce sont ceux dont les auteurs, souvent à leur insu, se transforment en instruments dociles de la conscience collective. Comme si des forces sociales aveugles s'emparaient de leurs mains et de leurs cerveaux pour accomplir leurs inéluctables desseins. C'est ce miracle qui semble avoir eu lieu avec les Strauss-Kahn, signé par Ariane Chemin et Raphaëlle Bacqué (Albin Michel). Les deux journalistes du Monde ne nous donnent dans cet essai aucune information nouvelle ou importante sur l'histoire du couple légendaire. Des énoncés aux sources très diverses sont présentés tous azimuts comme s'ils avaient la même valeur de vérité : informations publiques, rumeurs, racontars, documents judiciaires, simples hypothèses.
Il n’empêche qu’elles réussissent à dessiner un portrait aussi vraisemblable qu’exécrable de l’ex-directeur du Fonds monétaire international. Et peu importe que certains faits n’aient jamais eu lieu ou qu’ils soient exagérés. Car le récit vise moins à dire la vérité historique qu’à faire la synthèse de l’opinion que se font les médias d’un homme devenu une célébrité mythologique négative depuis un peu plus d’un an.
Ainsi, avec la prétention de nous apprendre quelque