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Libération

Sarkozy, Royal, Morano : relativité du scandale

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publié le 24 juin 2012 à 19h07
(mis à jour le 25 juin 2012 à 10h24)

Voici Nicolas Sarkozy dans le piège, à son tour. Un «livre à clés» est publié ces jours-ci. L'auteure est une proche collaboratrice de Patrick Devedjian, président du conseil général des Hauts-de-Seine, et adversaire de Nicolas Sarkozy dans le western altoséquanien de ces dernières années. Dans le livre à clés, Nicolas Sarkozy est dénommé «le monarque». Coïncidence : le livre est ravageur sur Sarkozy et les sarkozystes. L'opération apparaît donc cousue de fil blanc. Entre autres accusations, le monarque y est décrit comme exigeant (et obtenant) une fellation d'une élue venue un jour dans son bureau demander une subvention. Sans aucune preuve ni source, évidemment. L'insinuation, le procédé, sont d'une ignominie ordinaire. Que croyez-vous qu'il arrive ? Le Grand Journal de Canal + s'empresse d'inviter l'auteure, et de l'interroger sur le passage en question, complaisamment reproduit sur l'écran géant du plateau. Oui, le Grand Journal, animé par Michel Denisot, le même Denisot qui naguère accourait ventre à terre à l'Elysée, pour y passer la brosse à reluire au «monarque». Il eût été dommage de passer à côté d'un tel scoop.

Logiquement les ventes du livre s'envolent. Logiquement, Nicolas Sarkozy est furieux. Comme on ne se refait pas, il exige des sanctions contre l'écrivaine à clés. Logiquement, cette fureur et ces pressions téléphoniques font l'objet d'un article du Monde. Lequel relancera certainement le buzz, lequel relancera lui-même les ventes.