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Libération
chronique «éconoclaste»

La hausse du Smic permet-elle de lutter contre la pauvreté ?

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Chaque lundi, l'économiste Alexandre Delaigue pose une question économique qui fâche politiquement.
publié le 25 juin 2012 à 13h00
(mis à jour le 26 juin 2012 à 15h41)

Il semble que le gouvernement s’achemine, vers une hausse d’environ 2% du SMIC, début juillet, hausse qui consisterait une «avance» sur la hausse légale qui se produira en janvier 2013. Comme toujours, le sujet a suscité plus de passions qu’il n’en mérite probablement. Du côté des partisans de la hausse, on évoque la difficulté -indiscutable- de vivre au niveau du SMIC pour justifier la hausse pour des raisons de lutte contre la pauvreté. Du côté des adversaires, on signale que la hausse du SMIC risque de détruire des emplois –entre 15 et 25000 pour 1% de hausse du SMIC selon Francis Kramarz, membre du groupe d’experts sur le SMIC. La hausse prévue par le gouvernement correspond à une position médiane (notable, sans être très élevée) ce qui a pour effet de mécontenter tout le monde. Pour quel bénéfice?

Partisans et adversaires de la hausse du SMIC exagèrent leurs arguments. Les chiffres assénés (avec marge d’erreur, c’est plus scientifique) ne doivent pas faire illusion: l’impact précis sur l’emploi d’une hausse du salaire minimum est impossible à déterminer. C’est que les entreprises ont énormément de façons d’y réagir, en fonction du contexte. Elles peuvent répercuter la hausse sur les prix de vente de leurs produits, la faisant payer par le consommateur. Elles peuvent détériorer les conditions de travail des employés (réduire un peu le chauffage dans l’atelier), recourir au temps partiel, réduire l’horaire de travail des salariés au SMIC tout en exigeant d’eux la même prod