«J’ai passé l’été 1996 au Mali avec ma famille, dans la maison de mon grand-père. Le 26 juillet au petit matin, très tôt, nous avons petit-déjeuné et, quand mon grand-père est parti au travail, ma tante nous a demandé, à mes deux petites sœurs et moi, de nous habiller avec les vêtements traditionnels. Dans la cour, plusieurs vieilles femmes sont arrivées. J’ai été la première à "passer à la boucherie".
«On m'a juste dit "Viens, on va te montrer quelque chose à la salle de bain, tu vas voir, ça va être bien, tu vas rigoler." Il faut savoir qu'au Mali, les salles de bain sont différentes de celles qu'on a en Occident : c'est une pièce avec un gros trou au milieu, pour les excréments. On a mis un tabouret à côté du trou, on m'a assise, et comme je suis assez grande, des femmes m'ont attrapé les mains et les pieds. J'ai vu une femme rentrer dans la pièce avec une lame de rasoir.
«Jusque-là, je ne savais pas ce qui allait se passer, on ne m’en avait jamais parlé. Là, les jambes écartées, j’ai compris qu’on allait me couper quelque chose mais je ne savais pas quoi. J’ai eu la "moins pire" des excisions : on m’a coupé la partie extérieure du clitoris, on m’a coupé une lèvre et on a soudé de sorte à ne laisser qu'un petit trou, pour l’urine et le sang. J’ai vu le sang qui coulait ; j’ai même cru mourir, j’ai fait trois hémorragies dans la journée.
«Après moi, ça a été au tour de mes petites sœurs, qui avaient sept et quatre ans. C’était le même schéma : on leur a fait croire q