François Hollande est un Européen authentique, ce n’est pas pour autant un Européen candide et moins encore un Européen limpide. Depuis le début de sa trajectoire politique, le président de la République a traversé trois phases bien distinctes en ce qui concerne ses sentiments européens.
Pendant longtemps, il a été considéré comme un disciple de Jacques Delors dont il avait été proche et dont il partageait l’engagement européen sans relâche et sans faille.
Porte-parole puis premier secrétaire du PS, il lui a fallu ensuite composer avec l’éventail hétéroclite que constituaient les convictions de ses camarades sur le sujet, des vrais fédéralistes jusqu’aux francs eurosceptiques. Le référendum institutionnel européen de sinistre mémoire - la dynamique communautaire n’y a pas survécu - lui a imposé une troisième phase : il avait résolument préconisé le oui et arraché une majorité au sein de son parti. Les Français ont préféré le non et l’électorat socialiste lui-même a légèrement penché de ce côté-là.
Depuis, François Hollande reste obsédé par l’idée qu’il ne faut à aucun prix ressusciter le clivage entre la France du oui et la France du non, notamment au sein de la gauche. Durant sa campagne présidentielle, il a donc tout fait pour l’éviter. Aujourd’hui, François Hollande se comporte en président européen plutôt qu’en Européen président. Ses sentiments n’ont pas changé mais sa raison l’emporte sur ses sentiments. Il n’est ni «euromystique» ni «eurosceptique». Le voici «euroréalist