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portrait

Hassen Chalghoumi. L’imam des lumières

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Ses positions modérées et sa volonté de dialogue avec les juifs valent au chef de la mosquée de Drancy d’être menacé.
publié le 5 juillet 2012 à 19h07

On n’évite pas le flash-back. Impossible de quitter la ville sans qu’il vous emmène voir les barres de HLM où, il y a soixante-dix ans, ont été enfermés 100 000 hommes, femmes et enfants juifs avant leur déportation. La cité n’a pas changé, elle ressemble aux photos noir et blanc de l’époque. Les barbelés ont disparu, les gens aussi. L’imam de Drancy fait visiter le lieu, accompagné des deux policiers en civil chargés de sa protection depuis qu’il est menacé par les islamistes.

Pourquoi Hassen Chalghoumi se sent-il si concerné par la mémoire de la Shoah ? C'est lié au lieu, d'abord. Drancy est toujours le symbole de la déportation des juifs de France. «Cheikh Hassen», comme l'appellent ses fidèles, est devenu par hasard imam de la nouvelle mosquée de Drancy, mais il y a vu un «destin». Un devoir de rappeler cette «tache noire de l'humanité».Cela renvoie aussi à son histoire. Elevé dans une Tunisie laïque et tolérante, au sein d'une famille religieuse mais libérale, il est le seul des quatre enfants d'un père vétérinaire à avoir choisi d'aller dans une école coranique, à la recherche d'un «islam magique». Recherche qui le conduira, après le bac, à un long périple dans les pays musulmans : de la Syrie à l'Algérie et la Turquie, il a voyagé en Iran, en Inde, au Pakistan… Un parcours qui aurait pu fabriquer un extrémiste fondamentaliste. Mais Hassen Chalghoumi a été séduit par l'Inde et son «islam avec l'esprit de Gandhi» et par la Turquie,