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Libération

Les jeux de rôles de l’austérité nationale

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publié le 5 juillet 2012 à 19h07

Jean-Marc Ayrault n'est pas «un tribun»… L'aura-t-on cette semaine assez déclinée sur un mode déploratif, cette scie, et sans qu'on sache trop comment l'entendre, tant le terme nous fut depuis des mois servi dans son acception péjorative… Et voici qu'on semble reprocher au Premier ministre d'être un piètre orateur ! Mais comment pourrait-on être, à gauche, un grand orateur, sans un programme de gauche ? Car même en temps de guerre économique, le churchillien Blood, Sweat and Tears (du sang, de la sueur et des larmes) n'appartient pas au registre de la gauche. Il appartient à celui de l'union sacrée, union nationale, union rigoureusement austère scellée mardi devant l'Assemblée nationale, où majorité et opposition ne firent guère que feindre de s'affronter.

La Cour des comptes, la très raisonnable et «objective» Cour des comptes, n'avait-elle pas dès la veille donné quittus aux sortants aussi bien qu'aux entrants dans un rapport fédérant les uns et les autres à travers le commun objectif d'une incontournable austérité ? A sa parole très sage et devenue d'évangile, chacun s'était de longtemps rallié. Comment, dès lors, entendre autrement que comme une autre forme d'enfumage les propos de Pierre Moscovici, ministre de l'Economie fustigeant dimanche dans ces termes virils la nouvelle opposition : «Ils n'ont rien foutu pour réduire les déficits […] Qu'ils se taisent, nom de Dieu !»… Derrière le «rien foutu» un tantinet cavalier et sous l'iconoclaste «