Comme en maints domaines, il y eut au moins deux Sarkozy en matière sociale. Le premier fut audacieux et novateur en réformant les règles de la représentativité syndicale, prélude indispensable à l'émergence d'une culture de la négociation ; le second fut brutal et destructeur en minant la concertation et plus encore en stigmatisant les corps intermédiaires. Combien y aura-t-il de Hollande ? A l'entendre, le Président a fait sienne une synthèse originale des deux gauches qui se sont longtemps affrontées sur ce terrain : la loi n'est plus l'ennemi du contrat. Le législateur ne s'imposera plus en toutes circonstances, et certainement pas avant d'avoir encouragé les acteurs de la société civile à discuter, négocier, contracter, à la loyale, autant que faire se peut. Les plaies du «modèle français» sont bien connues : l'indifférence au sort de la jeunesse, l'incapacité à inventer une «flexisécurité» professionnelle à la mode scandinave, le maquis d'un système de formation qui ne s'intéresse qu'à 10% des chômeurs, ou encore le financement d'un Etat-providence à bout de souffle… Comment faire de la crise le moment privilégié de cette reconstruction ? Comment faire en sorte que les salariés, confrontés à la mutation radicale du modèle productif, ne soient plus les simples jouets de forces en surplomb comme la mondialisation ou le capitalisme financier ? A la veille de la «conférence sociale» qui s'ouvre ce matin, Michel Sapin a fixé une ambitieuse feuille de route : «Inventer l
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