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Libération
Portrait

Derrière la gouaille, un jusqu’au-boutisme calculé

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L’enfant déboussolé s’est mué en un jihadiste solitaire.
publié le 9 juillet 2012 à 22h56

De Mohamed Merah, 23 ans, petit voleur toulousain du quartier des Izards à l'enfance cabossée devenu «le tueur au scooter» et au Colt 45 qui exécute militaires et juifs pour le compte d'Al-Qaeda, on connaissait le sang-froid dans l'action mais on ignorait, à ce point, sa résolution : «Je suis quelqu'un de déterminé, je n'ai pas fait ça pour me laisser attraper», dit-il d'entrée de jeu aux policiers qui assiègent son appartement. C'est à travers sa voix au timbre juvénile et chantant du Sud-Ouest, son ton détaché mais absolument ferme, sa gouaille pour se moquer de l'officier du renseignement Hassan qu'il a trompé, et son impitoyable plan de guerre exposé de façon si posée que l'on comprend le jusqu'au-boutisme pensé et élaboré de ce jihadiste solitaire.

Mordu. Nous savions que ce fils d'Algérien, né en octobre 1988 dans la banlieue toulousaine, n'a pas supporté l'abandon paternel à 5 ans, qu'il a subi les violences de son grand-frère, Abdelkader, avant d'en infliger à sa mère. Ses bonnes notes en sixième au collège Bellefontaine et ses cahiers bien tenus seront déchiquetés par les pitbulls de «Kader» qui l'ont mordu au sang. L'année suivante, selon le Monde, la proviseure alerte les services sociaux sur le «danger grave» que courent «cet enfant particulièrement doué» et sa mère, jugeant «urgent d'intervenir dans ce milieu familial» sinon «Mohamed risque de se transformer en adolescent dangereux au vu de ses cap