Il y a dix jours, marchés et commentateurs applaudissaient aux résultats du sommet européen, au cours duquel des avancées significatives avaient été décidées par les chefs de gouvernement. Une semaine plus tard, diverses annonces de la Banque centrale européenne douchaient cet enthousiasme: les taux italiens et espagnols sont revenus à leur niveau d’avant sommet. Ce scénario, avec quelques variantes, s’est joué à chacun des 19 sommets européens «de la dernière chance» qui ont eu lieu depuis le début de la crise. Chaque fois, les commentateurs stigmatisent les psychorigides dirigeants allemands, ou la BCE, incapables de faire le nécessaire pour résoudre la crise, qui replongent régulièrement la zone euro dans le chaos.
Ce raisonnement, selon lequel il existerait une solution technique à la crise de l'euro, et que celui-ci va disparaître en l'absence de volonté politique des dirigeants, repose, comme l'a montré l'économiste Jacob Funk Kirkegaard, sur un mauvais diagnostic. Ce n'est pas par hasard si l'euro a été créé de manière incomplète, sans toutes ces institutions que l'on cherche aujourd'hui à mettre en place précipitamment pour le sauver (union bancaire, politique budgétaire commune, émission de dette conjointe, politiques économiques coordonnées) mais parce que cela signifiait des transferts de souveraineté considérables pour les Etats membres de la zone – transferts que les gouv