Stylo aux lèvres, on dirait une étudiante assise au premier rang. Elle écoute Jean-Marc Ayrault au Conseil économique, social et environnemental, en bonne élève qui n'envoie pas de SMS sous la table, comme certains de ses voisins. Elle est sur le banc réservé aux ministres. Sa place. Quelques minutes plus tard, sur le parvis, on la retrouve en bouffeuse de micros, enchaînant les interviews à la volée, à l'issue de la conférence sociale. Dans sa bouche, on entend «méthode choisie», «respect» , «concertation» , «motivation pour s'écouter, travailler, aboutir», des mots cajolés par une présidence «normale». Elle en profite pour glisser quelques phrases sur l'égalité professionnelle entre hommes et femmes, sa table ronde. Voilà Najat Vallaud-Belkacem, «NVB», comme l'appellent certains. A 34 ans, elle est la benjamine du gouvernement. Ministre des Droits des femmes, elle est condamnée à «l'offensive». Porte-parole du gouvernement, elle compte sur sa «nature calme» et (re)tient sa langue.
La benjamine
Quand elle a pris ses fonctions, elle a voulu rencontrer ses prédécesseurs, ou d'anciens membres d'un gouvernement. A tous, elle a posé les mêmes questions : «Quels sont vos regrets ? Qu'auriez-vous aimé faire ?» «Ça aide à se construire comme ministre.» Elle sait qu'elle arrive là où elle n'était «nullement attendue». Vous pensez, «une jeune femme, d'origine étrangère, de 34