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Interview

«Une nouvelle grande guerre n’est jamais à exclure»

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Jean-Pierre Chevènement, ministre de la Défense de 1988 à 1991, défend l’arsenal français :
publié le 13 juillet 2012 à 21h16

Jean-Pierre Chevènement est sénateur du Territoire de Belfort. Il a été ministre de la Défense de 1988 à 1991. Il prône le maintien d'un outil de dissuasion à un niveau de «strict suffisance».

Les menaces ont changé de nature, la guerre froide est finie. L’arme nucléaire n’est-elle pas dépassée ?

La guerre froide est derrière nous, mais la Russie et les Etats-Unis gardent des milliers de têtes. Les armes nucléaires vont rester durablement à horizon de l’histoire. Les Américains, par exemple, consacrent 5 milliards de dollars à la modernisation de leur arsenal. Ils disposent encore de 9 000 têtes nucléaires, les Russes de plus de 10 000 ! C’est idiot ! La sagesse voudrait qu’ils tendent vers une stratégie de stricte suffisance. Mais l’évolution la plus importante, c’est le développement des arsenaux nucléaires en Asie du Sud et de l’Est. Les Chinois possèdent 300 à 400 têtes et développent une troisième composante (sous-marine), l’Inde et le Pakistan une bonne centaine de têtes chacun. On va vers un nouvel équilibre du monde : une bipolarité entre les Etats-Unis et la Chine.

Comment se situe la France ?

Elle a réduit ses têtes de 600 à moins de 300 (200 pour la Grande-Bretagne). Elle dépense environ 3 milliards d’euros par an pour son outil de dissuasion nucléaire, soit 10% du budget de défense. Cet outil étant développé, les décisions concernent son renouvellement à long terme. Le plus lourd, dans le budget, c’est la simulation et le nouveau missile sous-marin M-51. C’est la première fois que des têtes auront été développées à partir de tests en labo.

Cet arsenal a-t-il un sens stratégique ?

La dissuasion est le seul moyen d’empêcher qu’une