Menu
Libération
Chronique éconoclaste

Et si on oubliait la compétitivité ?

Article réservé aux abonnés
Chaque lundi, l'économiste Alexandre Delaigue pose une question économique qui fâche politiquement.
publié le 16 juillet 2012 à 12h51

L’annonce de suppressions d’emplois et de fermetures de sites par Peugeot a, cette semaine, remis dans l’actualité la rhétorique de la compétitivité. Le président de l’entreprise a déploré que le coût du travail français soit trop élevé ; le gouvernement a confié à Louis Gallois une mission sur la «compétitivité» ; ce dernier a préconisé la semaine dernière un «choc d’offre» consistant à reporter significativement les cotisations sociales patronales sur la CSG. Lors de son entretien du 14 juillet, François Hollande a mis la compétitivité, avec la dette publique et le chômage, au premier rang des problèmes économiques français.

Le problème, si l’on fait de la « compétitivité française » un objectif de politique économique, c’est qu’on ne sait pas ce que c’est. Pour une entreprise, la compétitivité se définit aisément : elle correspond à la capacité, à long terme, de vendre ses produits à un prix et dans une quantité suffisante pour payer ses fournisseurs, employés, créanciers, et réaliser un profit.

Mais un pays n’est pas une entreprise, qui réalise des ventes et fait un profit. La performance économique nationale se mesure à la prospérité de ses habitants : pas au solde de son commerce extérieur. Il est très facile d’améliorer le solde extérieur d’un pays : il suffit de s’appauvrir plus vite que les autres pays, ce qui réduit les importations (déterminées par le revenu des habitants) moins vite que les exportations (qui dépendent du revenu des étrangers).

Appauvrir les consommateurs pour créer des emplois non qualifiés ?

Présentée sous cette f