Le débat sur la prostitution est faux-cul. A ceux, plutôt celles, qui en veulent l’abolition, sont opposés deux arguments. Tout d’abord, l’abolition irait à l’encontre de la liberté des clients et des «travailleurs du sexe», adultes maîtres de leur choix de vie, de travail et de pratiques sexuelles. Cette liberté est revendiquée par une partie des prostitués. Il y aurait ainsi deux catégories de travailleurs du sexe, les victimes non consentantes, proies des réseaux, et les filles de joie qui porteraient bien leur nom. Peut-être. Il reste à mesurer le prix d’un métier fait d’humiliations certaines et d’incertains revenus. Aucun libertin libertaire ne voudrait voir sa mère ou ses enfants embrasser cette carrière. Second argument : l’interdiction de la prostitution ne ferait qu’éloigner des centres des villes les prostitués, et la clandestinité les rendrait plus vulnérables. Comme si, dans un Etat de droit, la police comme les systèmes judiciaires et d’aide sociale n’y pouvaient rien. Oppose-t-on ce même raisonnement défaitiste à des délits comme la fraude fiscale ou le travail au noir ? Il reste que le législateur a déjà beaucoup légiféré en la matière, et que le bilan des politiques publiques est calamiteux. Les lois s’empilent et ne sont pas appliquées. Ainsi, comme le montre notre enquête, les femmes ayant voulu rompre avec leur souteneur et qui l’ont dénoncé ne bénéficient pas de la protection promise. Ne faudrait-il pas déjà revoir l’ensemble des dispositifs législatifs
EDITORIAL
La maman et la putain
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par François Sergent
publié le 19 juillet 2012 à 21h56
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