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Interview

«La rafle du Vél d’Hiv est devenue emblématique de la Shoah»

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L’historien Henry Rousso analyse la place qu’ont pris peu à peu les 16 et 17 juillet 1942 dans la mémoire collective.
publié le 22 juillet 2012 à 22h06

Henry Rousso, historien, directeur de recherches au CNRS, est l'auteur de nombreux ouvrages sur l'histoire et la mémoire de la Seconde Guerre mondiale. Il publie en novembre, chez Gallimard, la Dernière Catastrophe : l'histoire, le présent, le contemporain.

Depuis quand le Vél d’Hiv est-il devenu le symbole de la Solution finale en France ?

C'est en 1992 que François Mitterrand crée une nouvelle journée de commémoration le dimanche qui suit l'anniversaire de la rafle des 16 et 17 juillet 1942. Dès lors, cet événement est devenu le symbole de la complicité de Vichy dans la Solution finale, la phase des persécutions antisémites où l'on arrête, déporte et envoie les Juifs à la mort. En réalité, ces persécutions, celles des nazis et de Vichy, ont commencé dès 1940. Cela étant, avant les années 90, le Vél d'Hiv n'était pas «oublié» : il y a eu des livres et des films évoquant la rafle, comme le récit de Claude Lévy, le témoignage de Joseph Joffo, Un sac de billes, ou [le film] Monsieur Klein. Les organisations juives venaient se recueillir, des responsables étaient même parfois présents : l'événement était quelque part inscrit dans la conscience collective, mais il n'avait pas la dimension qu'il a prise depuis vingt ans. Quand le vélodrome a été détruit, en 1959, beaucoup d'articles n'ont même pas mentionné la rafle de 1942.

Donc, lors des 50 ans de la rafle, Mitterrand participe à la cérémonie, puis institue «une journée nationale». Pourquoi ?

François Mitterrand se rend à la cérémonie organisée par les associations juives (où il y sera d’ailleurs hué par certains), mais sans y prendre la parole. De toutes parts, la question de Vichy fait alors polémique :