Un jour où l'on demandait à un fabricant de centres commerciaux pourquoi il ne faisait pas plutôt des rues marchandes, on l'entendit répondre : «Mais Madame, les rues marchandes, il a fallu mille ans pour les faire !» A Montpellier, la ville n'a pas mille ans devant elle pour transformer le boulevard du Jeu-de-Paume en artère commerçante de grande classe. Mais il va falloir qu'elle prévoie quelques années. Car la transformation boutiquière des cités est ce qu'il y a de plus difficile à réaliser dans l'aménagement urbain. Et celle-là, en particulier.
Locaux biscornus
Créer des logements, implanter des bureaux, dessiner de l’espace public, obtenir de l’architecture, aménager des parcs, requalifier de la voirie, glisser des tramways dans des centres anciens, ça, on sait faire. Avec plus ou moins de bonheur, mais on maîtrise. Obtenir une suite de magasins variés, où l’échoppe vieillotte voisine avec le concept bobo, la boutique de fringues avec le magasin de cachemires, la quincaillerie de référence avec l’enseigne de déco, le tout avant d’atteindre le café centenaire, les Nouveautés de Paris, le Chien chic, la Maison Michon charcuterie fine, l’autoproclamé meilleur pâtissier de la ville et, à petites doses, ces enseignes de franchises que l’on voit partout. Arriver à cet équilibre-là donc, c’est bien simple, on ne connaît pas la recette. Le subtil mélange arrive par génération spontanée, au fil des inspirations et des transactions de la gent négociante. Quand une municipalité entend rep