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TRIBUNE

La parole est à la robe à fleurs de Cécile Duflot

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Tribunes 2012dossier
par Dominique Dupart, Maître de conférence en littérature à l’université de Lille-III. Membre du comité de rédaction de la revue «Vacarme»
publié le 2 août 2012 à 19h06
(mis à jour le 3 août 2012 à 12h43)

La question du vêtement porté par les députés à l’Assemblée n’est pas une question futile, loin de là! Mais trop peu souvent nous donnons la parole aux robes et aux jupes pour le comprendre. Pour changer, nous avons décidé d’interroger la Robe à fleurs de Cécile Duflot. Amoureux du costard tricard s’abstenir.

Madame Robe à Fleurs, comment expliquez-vous le chahut provoqué par votre apparition à l’Assemblée ?

Si vous saviez… La question d'une marque distinctive adoptée ou non par les parlementaires est cruciale. Lamartine était d'avis que la dignité du costume ajoutait à la dignité de la fonction. Aurait-il apprécié que je me balade dans la Chambre en 1838? Pas certain… Comment accroître la dignité du parlementaire quand on est une robe à fleurs ? Lamartine regrettait d'avoir été poète car ses vers étaient prétextes à moqueries dans la Chambre. Fleurs, poésies… tout cela se vaut sans doute aux yeux de mes petits camarades de l'UMP.

Si votre robe avait été confectionnée dans un tissu à pois, la réaction aurait-elle été la même ?

Question pertinente, merci. Curieusement, certains élus ont été favorables sous la monarchie de Juillet à l'absence de costume pour les députés. Ils défendraient une neutralité visible du corps parlementaire : «Dans les cérémonies publiques, le peuple voyant ses représentants confondus avec lui, vêtus comme lui, les considérera d'autant plus qu'il retrouvera en eux le symbole plus modeste et plus sévère de cette simplicité et de cette égalité dont il nous a constitué les gardiens (1).» Si j'avais porté des pois - très tendance prêt-à-porter populaire, ce printemps - aurais-je fait moins sensation dans l'Assemblée ? Je ne