Toutes les premières dames de la Ve République ont détesté l'être, à l'exception notable de Bernadette Chirac. De Tante Yvonne à Valérie «Tweetweiler», la fonction reste encore à inventer. Rembobinage.
«J'espère que les poulets n'ont rien eu.» Signé d'une première dame - ceci n'est pas un tweet. Mais ces 31 signes font toujours le buzz, après un demi-siècle… 22 août 1962, une DS noire encadrée de motards bleu horizon file entre l'Elysée et l'aéroport de Villacoublay. A hauteur du Petit-Clamart, un commando de l'OAS mitraille le cortège. Pas de victime dans la voiture présidentielle ni dans l'escorte des pandores, perdreaux, poulets, poulagas, comme disent alors Michel Audiard et Louis de Funès. Les volailles vivantes enfermées dans le coffre n'ont rien eu non plus. C'est bien d'elles que s'inquiétait madame de Gaulle.
Le général avait salué ce sang-froid d'un «vous êtes brave, Yvonne», ce qu'il pensait sincèrement pour l'avoir vue, stoïque, sous le blitz à Londres. Mais l'anecdote des poulets est à peu près tout ce que «Tante Yvonne», comme la surnommait la France entière, a laissé à la postérité. Cette femme modeste n'a jamais accordé une interview, laissé filtrer une plainte ou un soupçon de jalousie. Pieuse, prude, refusant d'asseoir un divorcé à la table présidentielle, elle savait tenir son rang d'épouse, maîtrisait l'art d'accommoder les restes. Une parfaite égérie pour Modes et travaux. En s'installant à l'Elysée, elle n'avait rien