C'est un drôle d'objet, ni tout à fait littéraire ni vraiment journalistique. Un compte rendu scrupuleux, presque clinique, d'une quasi-année de campagne électorale. Non dénué d'intérêt mais pas incontournable, comme Grasset tente de le suggérer. Rien ne se passe comme prévu, de Laurent Binet, tient plus de la curiosité.
L'auteur, récompensé par le Goncourt du premier roman en 2010 pour HHhH - récit de l'«Opération Anthropoid» qui, en 1942, a permis d'éliminer l'inventeur de la «Solution finale», Reinhard Heydrich -, s'est glissé dans les pas de François Hollande d'octobre 2011 à mai 2012 et raconte cette aventure sous la forme d'un journal. Une idée qui lui est venue en regardant The West Wing à la télévision, célèbre série narrant le quotidien d'un président américain, et proposée à Hollande via Valérie Trierweiler, qui avait interviewé Binet pour Paris-Match à la parution de HHhH.
«Scotchés». Le cœur de ce récit-là n'est pas tant Hollande - ce qui est déjà une info en soi - que tous les autres : sa cour, sa compagne, ses conseillers, mais aussi la nuée de journalistes et photographes attachés à lui. Parmi eux, Binet épingle surtout les commentateurs, décrits souvent comme des êtres changeants, capables de passer du désamour à son contraire au gré des sondages ou des meetings. Les nombreuses pages consacrées au «retournement» du Bourget le montrent bien. Mais là, comme s'il voulait se mettre au niveau de ces gens