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Libération
EDITORIAL

Optique

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publié le 23 août 2012 à 22h16

Pour saisir le moment historique dans lequel se trouve le Parti socialiste, il faut se méfier des illusions d'optique. En apparence, ce parti a atteint son zénith. Jamais encore sous la Ve République, il n'avait compté autant d'élus. Irrésistible machine à gagner, le PS a conquis tous les pouvoirs. Une performance d'autant plus méritoire que les Français ont idéologiquement glissé à droite, parfois même très à droite. Les socialistes ont aussi pris le risque d'innover, en organisant une primaire exemplaire qui a propulsé leur champion à l'Elysée. Mais il faut redouter que le rituel de La Rochelle, trois mois après la victoire de François Hollande, se réduise à un exercice d'autocélébration. Le Parti socialiste est aussi devenu un syndicat d'élus, un club de féodaux régionaux, un appareil vieillissant et conservateur qui peine à s'ouvrir à la modernité, à la jeunesse et aux idées neuves. Il est un signe qui ne trompe pas : les ministres ont eu le plus grand mal à composer leurs équipes et à faire émerger de nouvelles têtes ; il a fallu souvent rappeler ceux qui étaient en charge il y a plus de dix ans au sein des cabinets Jospin.

La crise et la victoire ont eu pour effet de masquer l’épuisement idéologique du parti et son appauvrissement intellectuel, comme s’il avait décidé de sous-traiter l’indispensable réinvention de la politique à des think tanks amis. Le chantier du successeur de Martine Aubry - si la maire de Lille jette vraiment l’éponge - est donc considéra