La date n'est pas publique, encore moins officielle. Mais entre le lundi 27 et le vendredi 31 août, la «normalité» du Président a été enterrée. En toute discrétion. Bien sûr, François Hollande veut toujours rester un chef d'Etat à la sobriété exemplaire, qui prend le train et respecte les feux rouges. Quand au reste, tout a été remis sur l'établi institutionnel.
Qu'on se souvienne : un président normal devait non seulement baisser son salaire de 30%, mais surtout savoir s'effacer derrière son Premier ministre dans les arbitrages et redonner aux corps intermédiaires leur légitimité. A lui, la fixation du cap et le tracé du temps long. Au chef du gouvernement, la gestion au quotidien. Le Président ne «commentera pas l'actualité, ce n'est pas son rôle», avaient coutume de dire ses conseillers avant l'été. Et en direction des journalistes biberonnés depuis cinq ans aux amphétamines sarkozystes: «Il faudra vous y habituer.»
Un été est passé par là, et la normalité hollandaise a pris l'eau. L'exécutif a sous-estimé la violence de la crise économique et sociale. Il pensait qu'il avait un peu de temps devant lui. Il est en réalité en situation d'urgence. Il a aussi et surtout négligé que Nicolas Sarkozy a modifié en profondeur le rapport des Français (et des médias) à la politique. «Le sarkozysme est une déviance de l'action publique, mais il avait aussi révélé quelque chose de pas totalement erroné: les gens veulent des réactions rapides», confie u