Retour aux fondamentaux du marché de l’armement. Le dossier Sawari II est d’abord une affaire d’arrosage de dignitaires saoudiens. La vente de trois frégates militaires (deux sous le gouvernement Balladur, une troisième sous la présidence Chirac) pour 28 milliards de francs a occasionné 3,2 milliards de commissions, occultes mais, à l’époque, légales (11% du contrat). Dont deux pour le prince Sultan, alors ministre de la Défense, et un pour le prince Fahd, alors chef de la marine saoudienne, d’autres décideurs locaux se contentant de quelques miettes.
La traçabilité des flux financiers, passant par des sociétés (Pilny et Chesterfield) immatriculées au Panama, est établie. Michel Mazens, ancien président de la Sofresa (office français des exportations d'armes), est resté pudique devant les enquêteurs : «Je ne souhaite pas vous en dire plus par devoir de réserve.» Mais son ancien responsable pour le Moyen-Orient, Jacques-Yves Gourcuff, s'est chargé de mettre un nom derrière chaque coquille offshore : «Pilny est la société du prince Sultan ou de ses hommes ; elle a depuis disparu. Ces sociétés ont juste pour rôle de toucher pour des bénéficiaires non apparents.»
Après avoir arrosé les deux principaux décideurs, le doute a surgi quand, dans la dernière ligne droite du contrat, le gouvernement Balladur (via Léotard à la Défense, Donnedieu de Vabres à son cabinet et Douffiagues à la Sofresa) a insisté lourdement sur la nécessité de payer un troisième réseau, dit «K