C’est le privilège des présidents de la République : passer, en l’espace de quelques heures, du protocole suranné de la Cour des comptes (à Paris) à une usine d’embouteillage d’eau minérale (à Evian). De la robe noire des magistrats à la tenue des ouvriers de l’usine du groupe Danone. C’était l’étrange journée de vendredi de François Hollande.
Cire. Le matin, à la Cour des comptes, il est annoncé par trois coups théâtraux dans la Grand'chambre, lieu de délibération de la Cour. La Garde républicaine fait une haie d'honneur. Ça sent la cire. D'un seul coup, une minivague se déploie sur la salle, les magistrats réalisant, comme un seul homme, une étonnante courbette. Gilles Johanet, nouveau procureur général, a ce mot : «Ce qui est déficitaire est précaire.» Ancien auditeur de la Cour des comptes, Hollande fait du sur mesures pour son auditoire (lire ci-contre). Pour la première fois, il évoque les grandes lignes de la loi organique (qui transposera le traité européen) et précise les missions du futur Haut Conseil des finances publiques, qui aura vocation à valider les hypothèses macroéconomiques du budget et contrôler tout écart.
L'après-midi, changement de paysage. Evian (Haute-Savoie), ses montagnes et son usine d'eau minérale. Le comité d'accueil est léger : Franck Riboud, patron de Danone, et Bernard Accoyer, président (UMP) du conseil général. Pendant de longues minutes, le chef de l'Etat se fait expliquer les flux logistiques de bouteille