Un jour, peut-être, cela deviendra un beau sujet de thèse de science politique : François Hollande et les riches. Et en préambule, l’auteur ne manquera pas de soulever cette étrangeté : comment cet homme, passé par HEC et l’ENA, posté à la droite du Parti socialiste, pétri de culture social-démocrate s’est-il construit une trajectoire politique en se faisant passer comme l’ennemi des «riches» ? Rien, dans son corpus idéologique ne le prédisposait à cela. Mais les circonstances en ont décidé autrement.
Rétropédalage. Tout a commencé dans l'émission A vous de juger, en janvier 2007. A l'époque, il est encore premier secrétaire du PS. Ce soir-là il débat avec Michèle Alliot-Marie, qui le pilonne sur le matraquage fiscal. Acculé, Hollande a alors ces mots : «Je n'aime pas les riches, je n'aime pas les riches, j'en conviens.» Et de citer la somme de 4 000 euros net mensuels comme le plancher à partir duquel on peut être considéré comme riche en France. La droite hurle, persuadée qu'elle tient son angle d'attaque. Avant même que commence la campagne présidentielle, Brice Hortefeux nous avait fait cette confidence : «On ne va pas le lâcher là-dessus. Cette histoire des 4 000 euros, cela va lui rester comme le sparadrap du capitaine Haddock.» Sarkozy y fera mention à plusieurs reprises (y compris pendant le débat d'entre les deux tours), oubliant de préciser que Hollande n'avait fait que lire les statistiques de l'Insee : en France, seuls 1